Telle la parole proférée, l’œuvre
exposée au public, n'appartient plus à son auteur dès lors qu'elle
est soumise à l'interprétation de l'autre. Dans un premier temps,
elle est acceptée ou rejetée. Sans jugement, sans temps de
réflexion. Puis, le lecteur, le spectateur ou le visiteur, va passer
au second stade, celui de la compréhension, de la recherche
d'explication pour en arriver à se demander ce que l'auteur ou le
peintre a bien voulu vouloir dire. Il engage alors avec le créateur
un dialogue. L’œuvre devient alors vecteur d'échange voire de
partage. La question reste de savoir pour quelles raisons, en
l'occurrence le peintre, a décidé d'exposer ses toiles. Cède t-il
seulement à des nécessités de subsistance tout à fait honorables, en
suivant des phénomènes de courants artistiques en vogue ? Ou bien en
exposant s'expose t-il lui-même en cherchant à faire partager une
idée, en provoquant une réaction, en un mot en voulant délivrer un
message ? L’œuvre prend alors une autre dimension. Elle reflète la
pensée du peintre, à un moment précis de sa vie, en fonction de son
environnement social, politique, de sa réflexion existentielle, de
ses espoirs ou de ses angoisses. La toile, ou la vidéo, ne peut être
spontanée. Elle est forcément le fruit de la collecte, consciente ou
inconsciente, d'images, de couleurs et de lumières, de rythmes et de
voix, de cris de joie, d'amour ou de haine. Tout s’enregistre
d'abord en vrac, sans logique apparente, puis peu à peu se dégage
une idée forte que le créateur tient à partager. Commence alors le
travail de tri, de hiérarchisation des données et ensuite celui de
matérialisation de celles-ci pour en faire un véritable catalyseur
de la réflexion du visiteur.« La peinture est une chose mentale »,
disait Léonard de Vinci. Bien sûr, car il y a eu une maturation de
la pensée nécessaire à l'interprétation de celle-ci.
Le mot anglais d' « exhibition », pour traduire notre
« exposition », semble plus adapté. Le peintre est-il un
« exhibitionniste » comme un autre ? Ce ne serait pas
entièrement faux, en parlant de sa pensée, bien entendu. S'exposer est en soi un acte de
courage réfléchi, car c'est affronter le jugement donc les
interprétations inévitables des autres, souvent éloignées des
objectifs de départ. La peinture, une fois achevée, est révélatrice,
oui, elle est mentale. Mais elle est aussi expiatoire pour son
créateur qui entend par elle décharger son trop-plein d'émotion et
simultanément provoquer la réflexion. Et c'est là que se situe la
« fonction » de l'artiste. Témoin et acteur, passeur d'idées et
catalyseur, pourquoi pas guide ?
Témoin de son temps, Jean-Marc SCOTTI expose ses moments de bonheur
mais aussi ses révoltes et son indignation devant la violence,
l'égoïsme et la vanité. Alors les images se heurtent, se mêlent, se
superposent, les couleurs et les lumières appuient avec force le trait dénonciateur, le support lui-même est
marqué par la brutalité et le mépris du plus faible, le feu y laisse
sa trace, le sang devient couleur de souffrance, le noir de l'Enfer
est partout, il accompagne, souligne et affiche l'angoisse d'un
peintre qui abandonne sa pudeur et
crie son indignation au spectacle d'un
monde injuste et cruel.
D'autres œuvres de Jean-Marc SCOTTI viennent tempérer cette inquiétude, visions de calme
et de douceur, sous des ciels apaisants et des décors de mille et
une nuits. Le bleu profond que soulignent les jeux de lumière, les
tons ocres qui poussent le visiteur à se mettre à l'ombre d'une
maison blanche, ne suffisent cependant pas à effacer le trait noir
qui rappelle symboliquement la réalité.
Une
exposition est une œuvre en soi, elle ne se résume pas à un coin de
tableau. C'est une mosaïque. Il faut prendre du recul pour en
percevoir la tonalité générale et, partant, saisir un peu de la
personnalité du peintre et du message qu'elle véhicule. A partir de
là, l'échange est possible...
Michel AUGUGLIORO
Auteur de
"La partenza" Editions Cartagénoiseries.
http://books.google.fr/books/about/La_partenza_1887_1909.html?hl=fr&id=MGlSU2XOKskC
« Il
était une fois l’Irak »
3,50 m x 1,30 m.
"Œuvre réalisée le jour de la déclaration de guerre en Irak par
les Américains.
Le travail du feu s'est imposé à moi comme une évidence plastique et
esthétique."
E x t r a i t s d e n o t e s d
’ a t e l i e r s u r :
« Il était une
fois l’Irak »
" Nous sommes le
9 février 05. J’ai réalisé plusieurs recherches et variations vidéo
sur la base de la grande peinture réalisée en mars 2003 lors de la
déclaration de guerre des États-Unis à l’Irak. De cette base motrice
se dégage un concept nouveau pour moi. Celui de l’audiovisuel
multimédia comme œuvre à part entière, qui complète les techniques
que j’utilise habituellement en peinture, dessin ou sculpture. Ces
recherches et créations audiovisuelles sont au centre de l’image et
de sa perception en tant qu’œuvre d’art.
Sa dernière exposition à Alès date de 1988 au Musée du Colombier,
puis en 1989 au Musée de l'Évêché d’Uzès.
Jean-Marie MENEZ
Président des
Musées de Bagnols sur Cèze Commissaire d'expositions des Musées, découvre le travail du
peintre en 2001 lors de son exposition à la Chapelle des Jésuites de Nîmes.
En 2005 il
lui consacre une exposition dans le cadre des Amis des Musées de Bagnols
sur Cèze.
A H
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